Si vous ne pouvez pas aller au théâtre ce soir, pas de panique… Le théâtre est aussi là, tout près, juste à côté. Ouvrez les yeux, la pièce va commencer !

"La vie est une pièce de théâtre: ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée."

Sénèque
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''Un artiste n'est pas un ouvier du divertissement qui compte ses heures, il se consume au feu de sa passion.''

Bartabas
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« Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un. C’est une voix qui parle, c’est un esprit qui éclaire, c’est une conscience qui avertit ».

Victor Hugo, extrait de Faits et croyances
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« Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. »

William Shakespeare, extrait de Comme il vous plaira

samedi 20 décembre 2008

"Ice" (de Thierry Smits), critique: Un monde enchanteur par Mélanie Appeldoorn



"Ice V. Nightmare 4" est un spectacle de danse réalisé par le chorégraphe tant attendu, Thierry Smits. Dans sa pièce, Smits signe une des 4 créations indépendantes de « V.-Nightmares », construit à partir des « Quatre Saisons » de Vivaldi. Chacune de ces pièces réunit à chaque fois le même collectif d’artistes : un chorégraphe, un musicien, quatre danseurs, un scénographe et un créateur lumière. Les quatre danseurs (Benjamin Bac, Ludvig Daae, Gabriella Iacono et Nitay Lehrer) font partie de la compagne Cie Thor.

Le spectacle s'exposait du 19 au 20 décembre 2008 au théâtre de la Place. Normalement j'avais réservé une place pour la première représentation, malheureusement je n'ai pas su me rendre pour cause de maladie. J'y suis donc allée le lendemain, et j'ai eu la chance de découvrir en avant première, avant ce spectacle de 50 min, le volet consacré à l’automne, intitulé "Moss & Mould"
"Moss & Mould" ne dura que 20 min. Nous plongeons tout de suite dans une ambiance lugubre et assez austère. Rien n'est caché au public, pas de rideaux et on voit les acteurs se changer dans les coulisses.

Ce décor brechtien est très représentatif de l'automne, composé de fourrures suspendues et étendues sur le sol, de haches, des plumes... que les acteurs déplacent au fil de la scène. Ce n'est sans doute pas la présence d'homme nus qui choque, mais plutôt les positions et les actions qu'ils commettent, rythmées par un long monologue anglais récité sur scène, tel que: "Tu es né poussière et tu retourneras poussière" qui réveille chez le spectateur des moments réalistes qu'il ne préfère pas trop éveiller. En effet, pour illustrer cette dernière, tandis que nous continuons à nous endormir sur ses paroles répétitives, apparaît à un écran, l'image de verres de terres ruisselant sur le ventre d'un des acteurs pendant que l'autre filme. Que la stupéfaction et le dégoût ne furent pas pour tout le monde ! Une autre image moins répugnante, mais toute aussi significative est l'image d'un homme alors couché sur le dos, prenant appuie sur un tronc avec une hache en bouche. D'autre actions restent toutefois mystérieuses et illicites comme : un homme qui se frotte et libère des plumes rouges de ses manches, une fille les ramasse et les dépose dans un bocal délicatement, avant de commencer à souffler dedans.
C'est avec "bonheur" que nous voyions se terminer ce "massacre" de la pensée qui nous a semblé à tous bien long, pour en arriver au moment tant attendu : la danse !

Enfin un peu de gaieté si je puis dire, grâce à la musique de Vivaldi. Place à "Ice"! Le décor de celui-ci reste brechtien et moins chargé cette fois-ci: une table; un montage en fer, des cubes, des verres, de la neige, des lampes, une boule argentée,... Mais, bien que nous nous attendions à avoir un moment de répits, l'épouvante ne fait que continuer. A peine les premières notes de Vivaldi commencent à sonner qu'un danseur commence à coincer sa tête et son corps majestueusement à travers un montage en fer. Les moments de silence sont alors complétés par des actions comme : empiler des cubes les un sur les autres, se déplacer avec une boule en argent,... D'autres sont rythmées sur les notes de Vivaldi, mais cela n'ôte rien son effet surprenant : un homme qu'on recouvre des pieds à la tête d'une poudre blanche et par après, qui décide de l'ôter en frottant sur lui de la neige.

La dernière partie est pour moi la plus magnifique. Il n'y a plus de Vivaldi, mais à la place une musique à différentes sonorités. Une femme, vêtue d’une simple robe blanche courte, commence à danser, pendant que les trois hommes autour d'elle commencent à la couvrir au passage d'un enduit noir avec leurs mains. Apparaît alors l'épouvante et la désorientation. Le rythme s'accélère et les mouvements deviennent de plus en plus brusques, au point que la fille s'en retrouve couchée sur le sol, enduite de la tête aux pieds de noir. L'ambiance redevient par après sereine grâce une tombée de neige sur la scène et une musique "magique".
Un spectacle que je ne regrette par d'avoir vu, et qui me donne une nouvelle vision positive de la danse contemporaine.

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