Si vous ne pouvez pas aller au théâtre ce soir, pas de panique… Le théâtre est aussi là, tout près, juste à côté. Ouvrez les yeux, la pièce va commencer !

"La vie est une pièce de théâtre: ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée."

Sénèque
***
''Un artiste n'est pas un ouvier du divertissement qui compte ses heures, il se consume au feu de sa passion.''

Bartabas
***
« Une pièce de théâtre, c’est quelqu’un. C’est une voix qui parle, c’est un esprit qui éclaire, c’est une conscience qui avertit ».

Victor Hugo, extrait de Faits et croyances
***
« Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. »

William Shakespeare, extrait de Comme il vous plaira

lundi 21 juin 2010

"Le théatre: une aventure à vivre et à revivre! "- L. Sacré

Elève en rhéto, mon rapport au théâtre n'a pas toujours été une évidence. En effet, petite, j'ai eu l'occasion de jouer dans des pièces de fin d'année. Je me suis même inscrite dans un groupe de théâtre. J'y suis rentrée par pure curiosité. Il s'agissait de pièces classiques comme celles de Molière ou encore Shakspeare. L'organisation était sommaire, mais nous avons néanmoins réussi à fournir une prestation plus que correcte pour notre âge. Par la suite, mes parents ont tenté de me pousser à intégrer une troupe hors du cadre du collège, mais mes priorités étaient tout autres à ce moment là. Je n'en avais pas l'envie, pas la motivation. Je voyais cela comme une contrainte en plus. Et puis, je conservais une grande timidité qui m'a finalement empêché de continuer. De fait, le théâtre est tombé pendant plusieurs années dans le néant de mes centres d'intérêts. Puis, l'année dernière, j'ai effectué une réorientation. Nous avons eu plusieurs cours sur le théatre et nous sommes allés voir beaucoup de pièces. Je m'y suis tout de suite accrochée. Les pièces jouées étaient plus contemporaine et suscitaient la réflexion. Originales, créatives, mystérieuses, j'ai pu (re)découvrir ce qui m'avait animé étant petite.. mais cette fois, c'était encore mieux ! Une expérience à vivre et à revivre !!!

Laurie Sacré

Pourquoi tu bouges ? - M. Crespin


Au départ, en me lançant dans un TFE basé sur une chorégraphe contemporaine, je ne savais absolument pas vers quoi je me dirigeais et sincèrement je voyais la chose avec beaucoup d'appréhension. J'avais néanmoins envie de découvrir des choses, de sortir des sentiers battus, je ne voulais pas que mon travail soit "rassurant", qu'il suive des chemins que je connaissais déjà, je voulais "partir à l'aventure".
Partir à l'aventure, on peut dire que c'est ce que j'ai fait. J'ai défié, remis en question tout ce que je pensais vrai. Non, la danse contemporaine n'a pas de définition. C'est impossible de définir ce que c'est. C'est en travaillant sur Pina Bausch que j'ai vraiment compris cela. L'important au fond, ce n'est pas comment les gens bougent, tout le monde peut bouger. Mais pourquoi ils bougent, ce qui les fait bouger. C'est ça qui enrichit la danse. Certes, de beaux mouvements c'est agréable.. C'est joli... Mais si l'on ajoute rien a cela, aucune émotion, aucune profondeur, aucune personnalité, aucune intuition...
Est-ce que cela avance à quelque chose de danser au delà de faire joli ? A mes yeux ça n'avance à rien, si la danse a vraiment de l'intérêt, c'est parce que elle permet d'exprimer, de montrer, de représenter des choses que l'on ne peut exposer autrement. La danse et encore plus, celle de Pina Bausch dotée d'un langage hors du commun permet d'illustrer, de représenter l'indicible..
Maurane Crespin

"Une danse de fou !"- N. Nazario

Après l’introduction sur le théâtre contemporain et après avoir été voir deux pièces de théâtre, je me suis rendue à un spectacle de danse contemporaine, « Singular Sensation ». Je savais que je n’allais pas voir des danses très harmonieuses, de la belle musique, des chorégraphies recherchées ou même un beaux décor, mais quand même ! Il y a des limites !
La musique ne ressemblait à rien, d’ailleurs, ce n’était même pas de la musique mais du bruit qui casse les oreilles. Il y avait de la peinture, des pâtes, du gâteau à la gélatine, utilisée d’après moi, sans but, juste pour dire qu’ils introduisaient tout type d’arts.
Je m’attendais, vu les quelques vidéos vues au cours, à ce que le spectacle ne soit pas harmonieux, mais à ce point-là, c’est de l’exagération !
De plus, c’était long ! Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir perdu autant mon temps, à voir quelque chose que je n’aimais pas du tout. Oui, c’est une découverte d’un nouvel art pour moi, mais franchement, j’aurais préféré ne pas voir ce spectacle. Il n’y a aucune limite ! Crier, hurler, sauter, se rouler par terre, un au-dessus de l’autre, tout au long du spectacle et ne voir que de l’extravagance, non merci ! Je croyais être parmi des fous, j’étais en sortant de cette représentation choquée et refroidie.
C’était vraiment très très désagréable !

Nathalie. Nazario


« Une caverne d’Ali baba » - M. Dumoulin


Le mardi 24 novembre 2009 nous sommes partis pour une visite au Théâtre de la Place. Cette visite ne m’emballait pas trop car les visite avec les guides sont souvent longues et ennuyeuses. Nous sommes donc partis à pieds pour le théâtre. Première partie de la visite, la scène, rien de très intéressant car nous sommes allés voir quelques pièces auparavant. Cette visite me paraissait longue et ennuyante mais elle fut assez inattendue. Ensuite, notre guide nous a proposé d’aller voir les costumes dans l’atelier. A ce moment-là, la porte s’est ouverte et que je suis restée figée. Il y a avait la, des tringles et des armoires contenant allant des robes, collant, chapeaux, chaussures… Une garde-robe multipliée par 100, une caverne d’Ali baba! J’ai adorée aller glisser mes petites mains pour fouiller, essayer… J’étais enchantée. Mais évidemment, toutes bonne chose a une fin et il était déjà temps de partir. La suite de la visite nous attendait. Un mardi donc ou j’ai quitté mon stylo, mes feuilles de cours et la prise de note pour aller découvrir le trésor caché du théâtre de la Place. Un moment que je ne serais pas prête d’oublier !
Marine Dumoulin

"La danse contemporaine, un cauchemard!"- O. Dumoulin


Mon premier spectacle m’a beaucoup déçue. Avant de me rendre là-bas, nous y avons un peu réfléchi en classe devant quelques vidéos. En arrivant, un mercredi, à 20h00pour la représentation, il n’y avait que des personnes âgées. Je me suis dis : « mon Dieu qu’est-ce que je fais là ! ».
Autant dire que je ne me suis jamais autant ennuyée. Quoi de pire qu’une découverte provocante, choquante et interminable ? Un spectacle qui a marqué ma mémoire et fermé des portes sur l’envie de découvrir la danse contemporaine. Mais, ayant été détesté par la majorité des élèves présents, nous pouvons espérer qu’il s’agissait d’un spectacle nul et que les autres seront plus intéressants.
D’ailleurs, les pièces de théâtre pourraient nous mener vers d’autres genres similaires ou bien nous permettre de trouver LA perle rare qui me conviendrait.

Océane Dumoulin

lundi 7 juin 2010

Réflexion sur le théâtre - " Théâtre = culture + création" - S. Klutz




Le théâtre, ce n'est pas seulement, comme l'indique d'abord le dictionnaire, un "endroit où les acteurs jouent" … Non, c’est beaucoup plus…

Culture ou création ?
L'art théâtral, est à la fois culture et création.

S'il y avait à choisir — et heureusement il ne faut pas choisir - j'opterais délibérément pour la création.
Comme j’ai pu le remarquer au fil de ces représentations, un art comme le théâtre n'est vivant que dans son appétit de nouveauté.

Nouveauté, cela veut dire des paroles jamais entendues, des lumières, des couleurs, des gestes jamais vus, des actions et des personnages qui n'ont jamais paru sur la scène et surtout un rapport avec le public inlassablement remis en question.

Tel est ma vision du théâtre un renouveau perpétuel

Sophie Klutz

samedi 5 juin 2010

Réflexion sur la danse contemporaine - "Danses ta vie version danse contemporaine"- S. Klutz



La danse contemporaine est un très fluide et très nébuleux style de danse.

Contrairement aux traditions telles que le ballet, la danse contemporaine n'est pas associée à des techniques de danse spécifiques, mais plutôt avec une danse philosophie.

Ainsi, comme j’ai pu le remarquer, les danseurs tentent d'explorer les énergies naturelles et les émotions de leur corps de produire des danses qui sont souvent très personnelle.

Corps en mouvement, gestuelle, déplacement des âmes : l’essence même de la danse contemporaine ???

A méditer…
Sophie Klutz

jeudi 20 mai 2010

"Le diable abandonné" Patrick Corillon - Suivre les mots ! - L. Sacré



Patrick Corillon, plasticien et artiste, propose aux petits et grands de suivre avec bonheur, le premier tableau, « la Meuse obscure », du fruit de son talent intitulé : « Le diable abandonné ». Alors près à retomber en enfance ?
C’est l’histoire du fils d’un marionnettiste qui ne veut pas reprendre le théâtre de son père, car il ne désire pas passé sa vie derrière des décors à parler pour des marionnettes. Mais il ne trouve pas les mots pour le dire et se laisser amadouer par le livre délavé du diable, où tous les mots que l’on écrit sont, si ils restent inscrits, justes et sincères. Il décide donc de partir à la recherche de ce fameux livre délavé et va rencontrer une série de personnage fous mais surtout la belle Élise, son âme sœur…Finalement tous les chemins qu’il emprunte n’aboutiront « nulle part ».
Cette histoire nous permet pendant près d’une heure de s’oublier et de se laisser bercer par les mots et la douce voix de la narratrice, qui raconte avec beaucoup de passion ce que les images ne nous disent pas, avec des mots simples, tel une maman qui borde son enfant le soir en lui lisant une histoire pendant qu’il regarde les images.
Voilà pour la partie narration, car le petit plus ici : est que les images et les mots ne restent pas fixent sur le papier mais bougent, changent, prennent vie dans ce petit « écran » que tout le monde regarde avec des yeux d’enfant.
En effet, Patrick Corillon illustre ce conte enfantin par des mots et des images avec lesquels il joue. C’est comme cela que « le fils » se transforme pour devenir « filles », ou encore que les oiseaux ne sont pas dessinés mais représentés pas un « Cui Cui »,…Tous ces jeux apportent une petite touche humoristique à la pièce.
Cet univers magique d’enfant est renforcé par l’alternance entre la voix et les images. L’ambiance de ce conte, où les lettres jouent avec les mots, et les mots avec les phrases et les images, est magique. La pièce est vivante, on l’entend presque respirer. Mais comme tout bon tour de magie il y a un « truc ». Le mystère est vite levé car en fin de représentation, Patrick Corillon nous invite à passer dans les coulisses pour partager avec nous tous ses secrets et astuces qui nous ont fait vibrer tout le long du spectacle.
En conclusion, cette histoire mise en scène et réalisée par Patrick Corillon est originale, enfantine et magique pour tous ceux qui ont encore au fond d’eux leur âme d’enfant, ce spectacle permet de la retrouver pendant une heure tout en s’amusant et en s’émerveillant à travers cette forêt de mots.
Laurie Sacré

samedi 24 avril 2010

« Avalanche » Tuncer Cucenoglu - Couvrez-vous et envolez-vous ! - C. Goffart


Un petit village perdu au sein de montagnes vit dans la peur constante d’une future avalanche. Un cri, une parole trop forte mais surtout un accouchement pourrait la provoquer. La seule solution : le silence. Le problème est qu’une femme de ce hameau doit accoucher, mais elle ne peut pas car cela ferait trop de bruit. Comme vous l’aurez compris, « Avalanche » de Tuncer Cucenoglu est une pièce de théâtre burlesque très originale de part son thème mais également de part ses effets de lumière et de son.

Tout d’abord, les passages sans dialogues à répétitions accentuent l’effet de lenteur. La pièce a beaucoup de mal à démarrer. Elle traîne en longueur car rien ne s’y passe les premières minutes. Lorsque la salle se remplit, avant le spectacle, les acteurs sont déjà sur la scène en train de dormir. Cette action se prolonge encore pendant de longues minutes. Les personnages vont se lever successivement pour aller aux toilettes. Il n’y a aucun dialogue. Alors, forcément, c’est long pour le spectateur qui se demande ce qu’il se passe.

Ensuite, le thème plutôt original nous emporte dans des fous rires magistraux.
Est-il coutume de mixer vie ancienne et fiction lors de pièces de théâtre ? Ici, Tuncer Cucenoglu y est arrivé. Des répliques inattendues ainsi que des petites piques, tout a été soigneusement travaillé dans le but d’être hilarant. Le spectateur fait un retour en arrière et est carrément plongé dans la fiction. L’auteur de la pièce met à découvert des thèmes touchants comme l’affrontement des générations, ainsi que la révolte de ceux qui veulent mettre des couleurs dans leur vie malgré leur peur constante. Il s’identifie facilement aux personnages. Il a peur avec eux, ne sait pas quoi faire, et est bloqué dans la même situation. Il essaye de faire le moins de bruit possible afin de ne pas déclencher d’avalanche.

Enfin, la pièce est tellement réaliste qu’on se croirait au milieu d’une chaîne de montagnes. En effet, les nombreux jeux de lumière et de son sont là pour rappeler l’époque et le temps. Dès qu’un personnage sort de la maison, des bruits de pas neigeux apparaissent. Les lumières chaudes font que les spectateurs se sentent bien au chaud, alors que dehors, règne un froid de canard. La présence de fondus au noir marque les différentes heures qui passent. Tous ces détails font que les spectateurs se sentent envoûtés par l’univers pittoresque de ce petit village retiré au cœur des montagnes.
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Bref, « Avalanche » vous fera passer par diverses sensations allant des plus touchantes aux plus rigolotes ! Ce spectacle hors du commun vous offrira deux heures de pur bonheur. Des acteurs au plus haut de leur forme, un décor d’une invraisemblabilité hors normes. Le vent soufflait jusque dans notre siège. Avant de vous y rendre, n’oubliez donc pas de vous couvrir en prenant votre bonnet, écharpe et gants mais surtout laissez vos yeux et oreilles s’envoler dans des contrées très... montagneuses !


Catherine Goffart

mercredi 31 mars 2010

Un mensonge de très mauvais gout!


Un mensonge de très mauvais gout !

Dramatique, l’usine Thyssenkrup de Turin a brulé ! Horrible, également, le spectacle qu’en a tiré Pipo del Bono et qu’il a intitulé la « menzogna », le mensonge en français. En effet, cette création est plus que douteuse sur de nombreux points.

Premièrement, nous avons eu le droit à une représentation affligeante de nudité. Les danseurs s’exhibaient de façons lubriques sur scène n’apportant rien à cette création. C’est sur, nous aurions eu plus de plaisir à nous trouver à un spectacle de striptease, au moins là on sait pourquoi on y va ! Il est quand même anormal d’avoir du nu pour nu et ça sous le nom de la culture.

Deuxièmement, la qualité musicale était d’un piètre niveau. Pour agrandir ce désastre sonore, les danseurs beuglaient tels des animaux en rut.

Troisièmement, pour un spectacle de danse, nous n’avons pas beaucoup vu danser ce qui est quand même le comble pour un spectacle de danse contemporaine. Sauf, quelques artistes se trémoussant de façons équivoque et gâchant les vraies minutes d’une exécution magistrale d’un tango.

Dernier éléments négatifs, la soirée a commencée avec 45 minutes de retard, des spots éclairaient violement les spectateurs. Ceux-ci étaient en plus, éblouis par des flashs agressifs d’appareil photo, surement pour certifier que des courageux assistaient à cette mascarade. Ce spectacle comportait des thèmes tous plus confus les uns que les autres ce qui a évidemment perdu pas mal de spectateur.

Pour en conclure, y avait-il un message ? Si oui, nous le cherchons toujours… Ce qui est malheureux pour un spectacle qui aurait du être le sommet de notre compréhension après deux ans de travail en Arts d’Expressions. En un mot, cette représentation était choquante, assurément provocante mais certainement pas recommandable !

Masset Benoit 6D

"La Menzogna" Pippo Delbono - La Menzogna, (le Mensonge) démasqué ! - S. Klutz




Un fait d’actualité scandaleux est à l’origine du spectacle : en 2007, à Turin, sept ouvriers brûlent dans l’incendie qui ravage l’usine Thyssen-Krupp. Les dirigeants de cette usine trop vétuste veulent faire croire que les employés n’ont pas veillé au renouvellement des normes de sécurité et tentent d’acheter leur silence. Pippo Delbono, inspiré par la tragédie que vivent les victimes d’accidents au travail, invente alors sa propre usine de théâtre. Un lieu de morts, d’amour et de vices, plongé dans la nuit et peuplé de marginaux : prostituées, homosexuels, ouvriers qui aboient et autres « fous » qui miaulent. Le metteur en scène y enferme ses visions d’un monde en folie.

Dans la première scène, qui dit tout en quelques minutes, Pipo nous plonge dans un vestiaire sinistre où des ouvriers défilent lentement au début, de manière réaliste, avant d'être emportés, à mi-spectacle, dans une danse énergique et dénudée, sur des rythmes trépidants de Stravinsky. Entre-temps deux vidéos nous délivrent le message social de base: un curé progressiste fait la critique radicale du capitalisme financier alors qu'une pub « mensongère » (signification du titre) du groupe Thyssen-Krupp achève de nous écœurer.

On assiste à un théâtre traversé par les fantômes de Kantor, Pina Bausch, Pasolini, constitué principalement d’images, de tableaux où les corps parlent plus que les mots. Un théâtre où l’on se sent irrésistiblement libre. Libre d’être subjugué par la beauté plastique du spectacle, de se laisser entrainer par les émotions changeantes qu’il procure, de rêver sur la bande son musicale enveloppante, de penser au monde dans lequel on vit. De faire des allers-retours entre la scène et la vie. Un véritable cadeau.

Pippo Delbono est ici à la hauteur de ce qu’il dénonce, titan contre l’ordre tyrannique d’un Occident qui tétanise les esprits à force de justement les assaillir d’images. Le Mensonge s’enracine dans un réel, celui de la mort de sept ouvriers calcinés par le brasier industriel de l’usine ThyssenKrupp, que viennent éclairer la fiction, les références artistiques, les propres mensonges et les propres omissions avouées de l’auteur. « Je demande aux gens de faire des efforts pour tâcher d’être plus lucides. » dit Pippo Delbono qui, en toute conscience et en toute colère, joue de l’inquiétude, du déséquilibre, de l’inconfort et de la violence.

Bref, Delbono invente un nouveau spectacle de la révolte, en pervertissant les codes du théâtre. Après l’ouverture silencieuse et lente de la Menzogna, la mise en scène de la violence s’installe durablement. Le tissu sonore, qui mêle tango, opéra, Stravinsky, Wagner et Juliette Greco, se charge d’ailleurs de maintenir tension dramatique et émotion tout au long de la pièce. On assiste donc, à un travail fabuleux sur la voix, le geste, le rythme et l’espace de jeu. A voir !

Sophie Klutz



mercredi 3 mars 2010

"Le Dieu du carnage" Yasmina Reza - Le Dieu du carnage conjugal - S. Klutz


L'histoire tient en quelques mots. Ferdinand, onze ans, a violemment frappé au visage avec un bâton un enfant du même âge, Bruno. Plutôt que de porter l'affaire en justice, leurs parents respectifs ont préféré se rencontrer pour trouver un arrangement…

La pièce ne révolutionne pas les consciences, s’étirant sur 1h30 une idée simple et vraie se tisse : sous chacun des deux couples hypercivilisé sommeille un sauvage qui s’ignore.

« Ferdinand a cassé deux dents "armé d’un bâton" à Bruno ». On démarre sur cette phrase, pas "armé", "muni", dit le père de Ferdinand, il s’agit donc d’une réunion de conciliation des deux ménages pour tenter de trouver une solution amiable avant la valse des avocats et des assurances.

Des alliances de circonstance se font et se défont entre les deux couples. Des dissensions apparaissent au sein des couples. Entre la bienséance et l'envie d'en découdre, qui l'emportera ? Le moindre écart de langage, car c'est évidemment de cela, et rien que de cela qu'il est question, sera fatal.

Du coté des spectateurs, dans la salle, murmures et gloussements se font entendre à chaque réplique choc, à chaque trait bien rendu par la mise en scène. Mais ce n’est pas le texte où la mise en scène qui est ainsi remarqué, comme je commence à le comprendre, c’est l’action elle-même, exactement comme si elle avait lieu en vrai et que chaque spectateur se trouvait aussi dans le salon en train de participer a ce règlement de comptes. Et la preuve en est que lorsque la maman de Ferdinand, exaspéré par son mari et son addiction au téléphone mobile, balance ce dernier dans le vase plein d’eau, la moitié de la salle applaudit vigoureusement à ce geste salutaire : enfin, il ne va plus nous enquiquiner, celui-là ! Parce que ce téléphone portable était plus dérangeant que cent téléphones vibrant dans une salle de cinéma.

La pièce possède une caractéristique : elle est aérée de silences pour faire vrai comme dans la vie, on ne se connaît pas, il y a des blancs dans la conversation, sauf qu’ici, ces blancs, on les traîne du lever de rideau au salut final des acteurs, des petits silences tellement fréquents et réguliers qu’on finit par les attendre… Sans entracte, la pièce démarrant à 20h45, à 22h20, on est dans la rue. On ne s’ennuie pas, on passe un moment sans ennui, à rire, à observer les deux couples se chamailler, pleurer, picoler, plus pour deux dents et un bâton mais pour des problèmes au sein même du couple.

Yasmina Reza nous révèle l'oeuvre du dieu du carnage: celui qui maîtrise nos instincts les plus viles. La violence qui sommeille en nous est toujours prête à faire irruption, et il n'en faut pas beaucoup pour la réveiller! Ainsi, chacun perd peu à peu le contrôle, le sens des limites sociales, s'excite, s'énerve. On a l'impression de voir enfin son vrai visage, mais - changement de plan - on se retrouve projeté encore plus loin, dans une autre direction... Ce ping pong dramatique que Yasmina Reza nous propose est révélateur et réaliste : grâce à son humour décalant et à son thème familier. On ne peut qu’aimer ! Le spectateur, devient un Dieu conquis.

jeudi 28 janvier 2010

On aime:"to the ones I love"


On aime : « to the ones I love » !

Ouf, enfin un spectacle de danse contemporaine que j’ai aimé et c’est arrivé avant la fin de l’année… « To the ones I love » est un spectacle de danse pur où on peut simplement admirer la performance réalisée par les danseurs. Ceux-ci dansent avec une légèreté inimaginable sur des musiques de Jean-Sébastien Bach.

Ce spectacle est agréable car les musiques de Bach sont toutes remplies d’une joie frivole et cela illumine la soirée. Il est très rare pour les jeunes d’aujourd’hui d’écouter de la musique classique et « to the ones I love » arrive à marier modernité et musique classique. La musique de Bach installe un effet V car le spectateur se demande pourquoi elle est utilisée pour une représentation de danse du 21e siècle !

Un bon point est accordé à ce spectacle pour les lumières. Les jeux de lumières arrivent à transporter le spectateur et à lui faire partager les ambiances. Les couleurs sont indispensables à « to the ones I love » car le spectacle est construit selon des tableaux de couleurs. Les « performers » changent de costumes avec les changements de lumières ce qui donne une dynamique très intéressante.

Durant les représentations, le spectateur assiste à un spectacle interprété uniquement par des personnes de couleur. Cette idée de mettre en valeur des minorités est intelligente car dans notre Liège natale, trop de ségrégation séparent encore trop la population. « To the ones love » permet de faire un trait d’union entre l’Europe avec les musiques de Bach et l’Afrique avec ces danseurs.

Un défaut que l’on peut imputer à ce spectacle est de tout miser sur l’esthétique. Vous allez dire qu’il n’y a rien de mal à avoir des décors soignés, des lumières somptueuses mais avec ce spectacle le vice de la beauté va même jusqu’aux danseurs. Le metteur en scène a d’ailleurs reconnu qu’il n’avait « caster » que des males noirs au corps athlétiques. Cette optique de la beauté absolue amène quelques effets secondaires tels que pour de nombreuses de femmes présentes, elles pouvaient se croire à un spectacle de chippendales ! Une dernière petite remarque peut être faite sur la qualité artistique de certains danseurs qui certes ont un physique avantageux mais qui ferait bien de parfaire leurs techniques. Et oui, on se fait toujours rattraper dans la vie…

En conclusion, il est indéniable que « to the ones I love » est un très bon spectacle, accessible à un large public. Mais attention, mesdames allez plus loin que la beauté exposée… Le spectacle permet de lier deux continents, abat des préjugés et c’est pour cela qu’il faut aller voir « to the ones I love » !

MASSET Benoit 6D

mercredi 27 janvier 2010

"To the ones I love" Thierry Smits - Black is Bach? - C.Delmotte



Sur scène : neuf danseurs d’origine africaine évoluant librement sur la musique de Jean-Sébastien Bach, figure emblématique du monde Occidental. Ces danseurs sont à la fois différents et les mêmes par leur couleur de peau. Métissés, du café clair brésilien au noir de noir africain en passant par toutes les nuances exposent la diversité humaine sous son apparente unité. La danse est donc teintée et influencée par les spécificités individuelles et culturelles des danseurs mais également par la musique de Jean-Sébastien Bach.


Le spectacle se joue du contraste entre ces deux continents: l'Afrique pour le visuel et l'Europe pour l'auditif. To The Ones I Love, interprété ce 27 janvier 2010 au cœur du Manège à Liège, est un hommage rendu à la beauté de la danse et du corps africain.


Thierry Smits, chorégraphe belge, ne s’attarde que sur la danse qu’en tant que danse et n’y apporte aucun élément dramatique susceptible de perturber le processus esthétique
Le chorégraphe évite toute dramaturgie théâtrale, pour se concentrer sur le potentiel plastique et architectural des mouvements corporels en renouant avec son envie de créer une danse à l’état pur. Les corps d’ébène façonnés par la danse contemporaine, n’ont ni oublié ni désappris les gestes ancestraux de leur pays d’origine.


Sur la musique baroque de Jean-Sébastien Bach, les mouvements sont éclatants de couleurs et d’énergie. La danse est une célébration des corps. La musique de Bach vient organiser les élans ou les rêveries des protagonistes.

On apprécie les parties lentes par l’exposition voluptueuse à la lumière. Restera, au cours d’une très longue tournée, à densifier les ensembles et à rendre certains duos ou trios plus expressifs. Cependant, cette heure de beauté et de joie de vivre a séduit totalement le public, liégeois, flamand et allemand, largement représenté dans ces « pays de danse » qui non seulement traverse les frontières mais se mêle des publics différents.


Cette création est une belle promesse pour nos yeux et nos oreilles. Elle est à voir et à savourer à l’instar du mélange de cultures sur scène…

jeudi 21 janvier 2010

Un beau lendemain


Un beau lendemain…

« Si demain vous déplaît » est le nouveau bijou du créateur et metteur en scène Armel Roussel. La pièce place au centre un adolescent en plein questionnement. Qu’est-ce que le bonheur ? La vie, l’amour, la mort ? Qu’est ce que le capitalisme ? Cette pièce révèle un théâtre jeune et revigorant qui chasse la morosité et ne laisse personne indifférent !

La pièce est construite en deux parties complètement différentes, comme les deux hémisphères cérébraux… Le spectacle nous procure une explosion de sens, dans un feu d’artifices mouvementé et décoiffant où les joutes orales se suivent et sont toutes plus pétillantes les unes que les autres. Le rire est assuré avec ce théâtre décalé et décapant.

Nous sommes face à une brochette de jeunes comédiens complètements survoltés et à l’énergie contagieuse. Nous sommes emmenés dans cette folie collective ou gravite une foule de personnages mêlant tendresse et utopie. La musique est acteur à part entière dans la deuxième partie grâce à la présence ingénieuse d’un DJ. Nous pourrons ajouter que la nudité est loin d’être un tabou !

Si demain vous déplaît est un pur concentré de théâtre libérateur d’émotions et de questionnements ! Nous ne pouvons qu’insister sur la coupure entre les deux parties de la pièce. La première est contemporaine car les règles y sont cassées mais elle donne un ressenti plus traditionnel. Nous sommes amenés à nous poser des questions tout comme le jeune acteur, mais ce sont les réponses amenées par les autres comédiens qui restent les plus intrigantes. La deuxième partie quant à elle, peut être comparée à la tête d’un adolescent où règne la folie des questions…

Pour certains, cette pièce tourne à la farce et à l’hystérie mais il est bon de perdre son sérieux de temps en temps et de nous laisser aller dans le délire voire la folie. D’autres regretteront le manque de lien entre les deux parties qui composent cette pièce mais le théâtre dit « d’auteur » ne sert-il pas à amener une réflexion du spectateur ? Et pour cela : « si demain vous déplaît » remplit complètement ses conditions.

En conclusion, « Si demain vous déplaît » est une pièce d’un genre nouveau où les règles sont brisées pour donner naissance à une représentation sublime et complètement déjantée. En un mot, un spectacle jeune et plein d’extravagance, pour le bonheur de tous !

MASSET Benoit 6d